Voici des Fake News qui ont marqué l’Histoire

L’ère du numérique et des réseaux sociaux a vu naître un phénomène particulièrement inquiétant : les fake news, ou infox en français.

Ces fausses informations, souvent diffusées massivement et rapidement, ont pris une ampleur telle qu’elles influencent désormais l’opinion publique et peuvent même impacter de manière significative les décisions politiques et sociétales.

Les fake news ne sont pourtant pas un phénomène nouveau, car elles ont existé tout au long de l’histoire de l’humanité.

Nous allons décrypter et analyser les infox les plus célèbres qui ont marqué l’histoire, en les replaçant dans leur contexte et en mettant en lumière les mécanismes qui les ont rendues si influentes.

Les légendes urbaines : des fake news ancestrales

Avant même l’invention de l’imprimerie et la démocratisation de l’écrit, les légendes urbaines constituaient déjà une forme de fake news.

Ces histoires, souvent effrayantes ou mystérieuses, se transmettaient oralement et se nourrissaient de la crédulité et des peurs populaires.

  1. La légende du Grand Méchant Loup : Cette histoire, qui remonte au Moyen Âge, met en scène un loup anthropomorphe, cruel et impitoyable, qui dévore les enfants désobéissants. Si cette légende a perduré à travers les siècles, c’est en partie parce qu’elle joue sur une peur profondément ancrée dans l’inconscient collectif : celle de l’animal sauvage et prédateur. En réalité, les attaques de loups sur les humains sont extrêmement rares, et les loups sont aujourd’hui une espèce protégée.
  2. La légende de la Dame Blanche : Cette histoire se retrouve dans de nombreuses cultures à travers le monde. Elle raconte l’apparition d’une femme vêtue de blanc, parfois décrite comme un fantôme, qui hanterait des lieux isolés et effrayants (châteaux, forêts, routes désertes…). La Dame Blanche fait souvent office de présage funeste, annonçant un malheur ou une mort prochaine. Cette légende, qui joue sur la peur de l’inconnu et du surnaturel, a donné lieu à de nombreux témoignages et récits d’apparitions, souvent démentis par la suite.
  3. La légende du Triangle des Bermudes : Ce triangle imaginaire, situé dans l’océan Atlantique entre les Bermudes, la Floride et Porto Rico, est célèbre pour les mystérieuses disparitions de navires et d’avions qui s’y seraient produites. La légende, qui a émergé au début du XXe siècle, s’appuie sur des faits réels mais largement exagérés ou déformés. Les explications scientifiques et rationnelles (phénomènes météorologiques, erreurs humaines…) sont souvent occultées au profit de théories plus sensationnelles (vortex spatio-temporel, présence d’extraterrestres…).

Les canulars journalistiques : quand la presse se laisse piéger

Les canulars journalistiques sont des fausses informations fabriquées de toutes pièces, parfois dans un but humoristique ou satirique, mais qui sont relayées et traitées sérieusement par les médias.

Ces canulars illustrent la difficulté de vérifier l’exactitude des informations et la propension des journalistes à privilégier le sensationnel au détriment de la rigueur.

  • Le canular de la Guerre des Mondes (1938) : Le 30 octobre 1938, la radio américaine CBS diffuse une adaptation du roman de H.G. Wells, « La Guerre des Mondes », sous forme de bulletins d’information. De nombreux auditeurs, qui n’ont pas entendu le début de l’émission annonçant qu’il s’agit d’une fiction, paniquent et croient à une véritable invasion extraterrestre. Les médias s’emparent de l’affaire et relayent l’hystérie collective, contribuant ainsi à amplifier le phénomène. Il s’agit là d’un exemple précurseur de l’impact des fake news sur l’opinion publique.
  • Le canular du Poisson d’avril (1957) : Le 1er avril 1957, la BBC diffuse un reportage montrant des pêcheurs suisses récoltant des spaghettis sur des arbres. La séquence, réalisée avec sérieux et professionnalisme, est présentée comme un documentaire sur une tradition locale méconnue. De nombreux téléspectateurs, ignorant qu’il s’agit d’un poisson d’avril, sont dupés et contactent la chaîne pour en savoir plus sur cette étrange coutume.
  • Le canular du Bal des Ardents (1995) : Le 20 décembre 1995, le quotidien français Libération publie un article relatant la découverte d’un manuscrit médiéval contenant le récit d’un événement cataclysmique : le Bal des Ardents, au cours duquel le roi Charles VI et plusieurs de ses courtisans auraient péri dans un incendie. L’article, écrit avec sérieux et truffé de détails historiques, est en réalité un canular imaginé par l’écrivain et journaliste Frédéric H. Fajardie pour dénoncer les travers de la presse française. Le canular est dévoilé quelques jours plus tard, provoquant la stupéfaction et l’embarras de nombreux confrères.

Les manipulations politiques : quand les fake news servent des intérêts

Les fake news peuvent être utilisées à des fins politiques, pour discréditer un adversaire, détourner l’attention du public ou susciter une réaction émotionnelle forte.

Ces manipulations, souvent orchestrées par des gouvernements ou des groupes de pouvoir, ont parfois eu des conséquences dramatiques sur le cours de l’histoire.

Les Protocoles des Sages de Sion (1903) : Ce texte, publié pour la première fois en Russie en 1903, prétend dévoiler un complot secret visant à instaurer un gouvernement mondial dominé par les Juifs. Les Protocoles des Sages de Sion sont rapidement démasqués comme un faux grossier, mais ils continuent néanmoins à être utilisés pour alimenter l’antisémitisme et justifier des persécutions à travers le monde. Ce document mensonger a notamment servi de base idéologique au régime nazi et a contribué à la montée en puissance d’Adolf Hitler.

Le faux attentat de Gleiwitz (1939) : Le 31 août 1939, des agents nazis déguisés en soldats polonais attaquent une station de radio allemande située près de la ville de Gleiwitz. Cette opération de propagande, destinée à justifier l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, est rapidement dévoilée comme un montage grossier. Néanmoins, elle marque le début de la Seconde Guerre mondiale et illustre les méthodes de manipulation employées par les régimes totalitaires.

Les armes de destruction massive en Irak (2003) : En 2003, les États-Unis et leurs alliés envahissent l’Irak sous prétexte de démanteler un programme d’armes de destruction massive (ADM) orchestré par le dictateur Saddam Hussein. Cette intervention militaire, justifiée par de fausses informations et des témoignages fabriqués de toutes pièces, entraîne la chute du régime irakien et provoque une guerre civile qui fait des centaines de milliers de victimes. Les armes de destruction massive en question ne seront jamais découvertes, et il apparaîtra plus tard queles services de renseignement avaient manipulé les informations pour répondre aux objectifs politiques de l’administration américaine.

Les fake news à l’ère du numérique : un défi pour la démocratie

À l’heure actuelle, les réseaux sociaux et les plateformes numériques ont considérablement amplifié le phénomène des fake news, en facilitant leur diffusion et en brouillant les frontières entre information et désinformation.

Les conséquences de cette prolifération de fausses informations sont multiples et représentent un véritable défi pour nos sociétés démocratiques.

Les élections présidentielles américaines de 2016 : Durant la campagne électorale qui oppose Donald Trump à Hillary Clinton, de nombreuses fake news circulent sur les réseaux sociaux et influencent l’opinion publique. Parmi les plus célèbres, on peut citer l’affaire du « Pizzagate », qui accuse la candidate démocrate de diriger un réseau pédophile depuis une pizzeria de Washington. Bien que totalement infondée, cette rumeur provoque une véritable hystérie sur Internet et conduit même un homme à ouvrir le feu dans l’établissement incriminé. Les enquêtes menées après l’élection révéleront l’implication de la Russie dans la diffusion de ces fake news, dans le but de favoriser la candidature de Donald Trump.

Le Brexit et la campagne du « Leave » : Lors du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne en 2016, les partisans du « Leave » (sortie de l’UE) multiplient les fausses informations pour convaincre l’opinion publique. Parmi les plus marquantes, la promesse fallacieuse de récupérer 350 millions de livres par semaine en quittant l’UE, somme qui serait ensuite réinvestie dans le système de santé britannique. Malgré les démentis et les mises en garde des experts, cette fake news sera largement relayée et contribuera à la victoire du « Leave » lors du référendum.

La désinformation sur le changement climatique : Depuis plusieurs années, les climatosceptiques s’appuient sur des fake news pour nier l’existence du réchauffement climatique ou minimiser l’impact des activités humaines sur l’environnement. Ces fausses informations, diffusées par des médias et des personnalités influentes, entretiennent le doute et la confusion dans l’opinion publique, freinant ainsi les efforts pour lutter contre le changement climatique et protéger notre planète.

Face à ce déferlement de fake news et à leurs conséquences parfois dramatiques sur nos sociétés, la lutte contre la désinformation est devenue un enjeu majeur pour la démocratie. Les médias, les gouvernements et les citoyens doivent apprendre à décrypter et dénoncer ces infox, en développant leur esprit critique et en s’appuyant sur des sources fiables et vérifiées. Il en va de la survie de nos valeurs démocratiques et de notre capacité à faire face aux défis du XXIe siècle.

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